L'identité, l'égoïsme ou l'orgueil ?!!
Et le progrès...
Il était une fois un homme. Quand il était petit, il se disait parfois « je vais monter tous les escaliers du progrès, je vais éliminer toutes les barrières et obstacles, rien ne pourra m'empêcher d'être le meilleur, car j'ai des qualités, je suis doué, je peux ». Au bout d'un moment, il a trouvé que son envie de détruire toutes les barrières était en train de le détruire lui même. Car il est à l'excès de tout. Au nom de la liberté, il abuse de tout et il se sent déjà fatigué. Du coup il conclut, « je vais quand même faire attention, il ne faut pas que je me fasse mal, j'ai aussi des défauts et des faiblesses apparemment ». Il commence à se perfectionner sur la santé, l'intelligence, le pouvoir, les études, même dans les jeux. Il s'entraîne, fait du sport. Et il se nourrit de façon réfléchie. Il réfléchit bien avant chaque décision. Mais avec les autres il reste dur, orgueilleux, hautain.
Et très rapidement il devient isolé et très seul.
Un jour il réfléchit. Il était fort mais seul et isolé. Et il ne peut ni ôter les barrières et ni résoudre les problèmes.
Il se dit : « non seulement je suis égoïste mais je suis aussi orgueilleux, car je ne vois que mes qualités et je ne vois que les défauts des autres. Un jour ou l'autre, je serai bloqué par les autres avec un tel comportement. »
Il conclut : « je ne suis pas aussi fort que je ne l'ai pensé. Je vais faire une alliance avec ma famille, mais je n'arriverais pas si je ne vois pas leurs qualités, je ne pourrais pas les aimer. Jusqu'ici je n'écoutais personne. Mais ça ne marche plus, j'ai besoin de mon frère dans mes exercices, j'ai besoin de mes parents pour vivre, pour qu'ils me soutiennent malgré leurs défauts, leurs âges et leurs pensées arrêtées dans le passé. J'ai besoin d'être aimé et de les aimer si je veux sortir de ma solitude ».
Il est devenu l'enfant sage de la maison. Chez lui, il est bon et serviable dans sa famille, car c'est sa famille. Il finit par s'entendre très bien avec eux.
Il se dit : « c'est ma famille à moi, c'est la meilleure famille du monde »
Notre jeune homme, heureux et content de ses découvertes est maintenant respecté par sa famille plus que toujours. La paix y règne. Mais si tout finissait par là ?! Il lui faut maintenant quitter le foyer. Pour étudier, pour travailler pour faire du sport, mais sa famille n'est plus avec lui dans ces instants.
Et lui, enivré par son succès familial, prend les gens de haut. Il est prêt à violer leurs droits et leur manquer de respect. Tout le monde lui est redevable parce qu'il venait de sa propre Famille. Il était le meilleur.
Mais l'histoire se répète. Au bout d'un moment les gens ont comprit, malgré son succès ses comportements distingués : on ne peut pas compter sur lui.
On l'oublie donc. On lui fait même la leçon. Il devient de nouveau isolé, seul et triste.
Un jour, détruit et fatigué, il se met à réfléchir :
« Je suis égoïste, orgueilleux quand je parle de ma famille, c'est encore seulement moi qui compte.
Et je ne suis pas très intelligent. Car avec un tel comportement, je ne pourrai jamais progresser, il faudrait que je devienne plus fort en devenant plus modeste. Ma famille, je l'aime et ils ont beaucoup de qualités, mais ils ont aussi des défauts »
Notre jeune homme décide de grandir et devenir plus modeste. Il faudrait qu'il voit les nombreuses qualités de ses collègues, pour les aimer, pour les apprécier ; pour que ses collègues ressentent sa sincérité, pour qu'ils l'apprécient, pour qu'ils deviennent ses amis.
Notre homme a encore bien réussi, puisqu’il croyait à son chemin. Avec ses amis ils ont construit une équipe. Venant tous d'une même école, ils sont tous entrés dans le même domaine. Un vrai lobby puissant. Ils se sont dit « on est la meilleure équipe du monde ».
Mais le problème est qu'il y avait aussi d'autres équipes d'amis. Il y en avait même qui étaient plus forts, venant de familles plus riches. La concurrence était difficile.
Un jour ils se réunissent. Ils concluent : « En réalité, nous sommes égoïstes, même orgueilleux ». Notre homme prit la parole : « quand chacun de nous se dit que son équipe est la meilleure, c'est qu'il ne voit pas les qualités des autres équipes et il ne voit pas les défauts de sa propre équipe. Mais avec un tel raisonnement, nous ne pourrons pas nous améliorer. Un jour ou l'autre nous serons écrasés par nos concurrents plus intelligents et moins orgueilleux qui font alliance entre eux. Ils créent même de très puissants groupes, des lobbies dans le monde entier. Il faudrait qu'on fasse alliance avec les autres équipes de notre pays. De toute façon, on a tous la même nationalité. Et en réalité nos compatriotes ont aussi leurs propres qualités. Si on se prend pour la meilleure équipe et on ignore les qualités de nos compatriotes, on ne pourra pas se donner la main et aller face aux nos concurrents sur le marché international".
Cet événement date d'il y a quelques années. Les Nations Unies et le Tribunal de Justice Internationale n'existaient pas encore. Donc a l'extérieur des frontières nationales il n'y avait pas de lois pour régler les relations entre citoyens de différents pays. On pouvait bien faire un crime et fuir dans un autre pays.
Notre homme n'est plus un jeune sans expérience. Il sait comment s'allier avec quelques uns pour faire face aux autres. On ne veut en aucun cas vraiment respecter les contrats avec les autres pays. On a sa nationalité, la meilleure des nationalités puisque c'est sa propre nationalité. En plus, il est désormais à la tête d'un lobby tout puissant. Sa nationalité a beaucoup de qualités mais il ignore les autres. Donc, on peut se permettre de tuer les autres puisqu'ils étaient toujours nos ennemis dans l'histoire. En plus, notre homme est suffisamment riche et puissant pour produire des armes, payer des intellectuels à enseigner les valeurs nationales au peuple, pour leur donner des raisons valables pour prendre les armes.
La guerre éclate, une excuse d'un coté suffit. Ces grands lobbies ont beaucoup grandi dans chaque pays. Le marché et les ressources nationales deviennent insuffisants. Mais il faut convaincre les gens qu'ils ont des ennemis mortels depuis toujours. A l'aide de sa mafia et d'une grande campagne des propagandes marketing, notre homme devient président.
Il dit : « depuis toujours, nous étions la meilleure des nations exportatrices de culture et de civilisation. Mais notre voisin est le pire du monde et cherche à vous attaquer ».
Des années de guerre passent. Notre homme est obligé de réfléchir encore : « épuisée, affaiblie, notre nation est fatiguée. Mais maintenant on n'a plus qu'à continuer. On était égoïste et orgueilleux de penser qu'on pouvait continuer tout seul, qu'on était la nation la plus forte du monde. Il faut qu'on ait des nouveaux alliés. Mais comment ?!
On peut toujours s'entendre d'une manière ou d'une autre avec des Etats. Mais avec les peuples, comment peut-on les convaincre ?!
Il conclut : on est la meilleure des races. Nos intellectuels peuvent le prouver. On va s'allier avec les pays qui ont la même race supérieure que nous. »
La plus grande guerre de l'histoire éclate. Des millions des gens sont mobilisés pour tuer les autres, se croyant meilleurs que les autres. Les villes sont ruinées et les jeunes femmes et les jeunes hommes sont tués, restent handicapés.
A l'époque du moyen âge, on brûlait ou lapidait des gens un par un en se justifiant d'avoir la meilleure des religions. Puis, on s'est mit à brûler les gens en masse en se justifiant d'avoir un sang meilleur que les autres. Les heures les plus noires de l'histoire passent.
Notre petit homme ne réfléchit plus car il est mort et brûlé dans le feu qu'il a allumé lui-même.
Mais pourquoi cette petite cervelle stupide n'a pas réfléchi des le départ jusqu'au bout ?
Pourquoi n'a-t-il pas comprit que l'origine de son malheur est à l'intérieur de lui-même. C'est son égoïsme exagéré, c'est son orgueil, ce sont ses limites identitaires qu'il n'a pas voulu repousser.
Pourquoi certains d'entre nous, du citoyen lambda au politicien influant, malgré ces grandes défaites désespérantes de l'Histoire, ne réfléchissent-ils pas encore?!
Mahdi Jahandar